Les aides de l'Etat au cinéma

Publié le par Théâtre Passion

LES AIDES DE L'ETAT AU CINEMA :

UN FILM CULTURELLEMENT FRANCAIS MAIS DONT LA PRODUCTION EST INDIRECTEMENT CONTROLEE PAR UNE SOCIETE NON EUROPEENNE NE PEUT PAS BENEFICIER DU REGIME DU SOUTIEN FRANCAIS A L'INDUSTRIE DU CINEMA :

La Cour administrative d’appel de Paris a, par un arrêt du 31 mai 2005, confirmé l’annulation de l’agrément des investissements accordée par le Centre National de la Cinématographie au film réalisé par Jean-Pierre JEUNET intitulé "Un long dimanche de fiançailles", prononcée par le Tribunal administratif de Paris le 10 novembre 2004.

Cette solution s'explique par le fait que la société française productrice du film "2003 Productions" a, selon la méthode du faisceau d'indices, été considérée comme étant indirectement contrôlée par la société américaine Warner Bros.

CAA Paris, 31 mai 2005, Centre National de la Cinématographie et Société 2003 Productions / Association des Producteurs indépendants et Syndicat des Producteurs indépendants, n° 05PA00028, 05PA00029, 05PA00077: le texte de cet arrêt est accessible sur le site de droit public économique du cabinet d'avocats Claisse et associés: http://www.presse.laldpe.fr/modules.php?name=News&file=article&sid=103&mode=thread&order=0&thold=0

LE CONTENTIEUX DU FILM L'EX FEMME DE MA VIE :

Dépêche de l'AFP du 12/08/2005 :

"Le Centre national de la cinématographie a gagné en appel dans l'affaire des aides financières accordées aux producteurs du film "L'ex-femme de ma vie" de Josiane Balasko.

Par un arrêt rendu le 21 juillet, la Cour administrative d'appel de Paris a annulé le jugement du Tribunal administratif de Paris du 5 novembre 2004 annulant la décision du CNC accordant en décembre 2003 son agrément aux sociétés productrices déléguées Josy Films et Ice 3, leur permettant ainsi de bénéficier d'aides financières publiques.

Cette décision du CNC était attaquée par le Syndicat des producteurs indépendants (SPI, regroupant des petites sociétés) et l'Association des producteurs indépendants (API, regroupant des mastodontes comme Gaumont, UGC, Pathé, MK2).

Au coeur de cette affaire se trouve la société 2003 Productions, également coproductrice du film de Josiane Balasko (sorti le 2 février).

Détenue à 32% par Warner Bros France (filiale à 97% du studio américain Warner Bros), 2003 Productions est accusée par le SPI et l'API d'être de cheval de Troie de Warner Bros France, qui s'en servirait pour détourner des aides françaises au profit d'Hollywood, normalement exclu de cette manne publique en raison de sa nationalité extra-européenne.

Dans sa décision rendue le 1er juillet, la Cour administrative d'appel de Paris a rejeté les requêtes du SPI et de l'API. La Cour a souligné que l'agrément du CNC avait été accordé aux seules sociétés Josy Films et Ice 3, et non à la société 2003 Productions "qui ne l'avait d'ailleurs pas sollicité, même si (elle) était coproductrice du film".

Le SPI et l'API avaient eux considéré que le CNC avait accordé un agrément global pour ce film, et non plusieurs agréments accordés indépendamment à chacun des producteurs.

En novembre, après le jugement du tribunal administratif, le CNC avait expliqué qu'il "ne donnait jamais d'agrément global à l'ensemble des coproducteurs, contrairement à ce qu'a estimé le Tribunal administratif, qui a fondé son jugement notamment sur cette notion".

Début juin, la Cour administrative d'appel de Paris avait en revanche confirmé l'annulation de l'agrément du CNC accordé à 2003 Productions pour le film "Un long dimanche de fiançailles" de Jean-Pierre Jeunet, en raison du caractère extra-européen de cette maison de production.

Compte tenu de la polémique ces derniers mois sur l'attribution d'aides publiques à des sociétés extra-européennes de production cinématographique, le gouvernement avait chargé en avril le CNC de définir les modalités de soutien aux producteurs de cinéma extra-européens.

Le ministre de la Culture et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres avait alors confirmé que les aides à la production, gérées par le CNC, étaient ouvertes aux sociétés extra-européennes mais avait souhaité que la réglementation actuelle soit "révisée" et les règles d'attribution des aides précisées.

Le CNC a ainsi lancé en avril une mission de révision de la réglementation actuelle, confiée à Isabelle Lemesle, chargée de la mener en concertation avec la profession.

En mai, le SPI, l'API et la Chambre syndicale des producteurs de films (CSPF) s'étaient déclarés prêts à participer à cette mission d'expertise. Ce sujet épineux de l'ouverture des aides aux producteurs extra-européens divise les professionnels français du cinéma."

Le texte de l'arrêt de la Cour administrative d'appel de Paris est accessible à l'adresse suivante : http://www.affaires-publiques.org/textof/jurisp/bibc/7/12760190184.htm

Publié dans Droit du cinéma

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15 juin 2005 <br /> <br /> Fonds et financements de production<br /> France - Presentation<br /> par Fabien Lemercier<br /> <br /> Un modèle envié de production<br /> <br /> Forte de 203 longs métrages agréés en 2004 et de 194 millions d’entrées en salles dont plus de 38 % pour les films nationaux, la France compte parmi les grandes puissances du cinéma mondial. Modèle envié en matière d’organisation du soutien financier à la production, l’Hexagone offre l’image d’un marché dynamique et créatif, fruit d’une association fructueuse entre l’Etat et toute la filière du 7e art.<br /> <br /> Solidement installée à la première place du classement de la production de longs métrages en Europe avec 167 films d’initiative française (FIF) en 2004, la France se distingue tout particulièrement grâce à un perpétuel renouvellement des talents. Ainsi, l’an passé, 54 premiers longs ont été réalisés et chaque saison voit émerger de jeunes cinéastes prometteurs qui viennent s’ajouter à la liste bien connue dans le monde des grands noms du cinéma français. Mieux encore, ce flux générationnel régénérant sur le plan créatif s’accompagne désormais d’une totale diversité de styles et de genres. Du film d’auteur dans la pure tradition française aux œuvres à grand spectacle, des comédies aux drames intimistes, la palette made in France ouvre désormais de nombreuses opportunités d’exportation pour la production qui a enregistré en 2004 près de 200 millions d’euros de recettes hors des frontières selon Unifrance.<br /> <br /> Mais au-delà des talents, la grande force du cinéma français trouve sa source dans une organisation bien huilée de soutien à la production nationale qui permet d’assurer un financement diversifié profitant à l’ensemble des producteurs. Au total, plus d’1 milliard d’euros a été investi dans les films agréés français en 2004, dont 892 M€ dans les FIF dont le budget moyen s’établit à 5,34 M€ avec en tête de liste Arthur de Luc Besson (65,2 M€ de budget). Et cette manne financière présente de nombreuses garanties de stabilité en raison de l’implication de l’Etat et de son bras armé le Centre National de la Cinématographie (CNC) en faveur du développement de la production nationale et européenne. En effet, un cadre réglementé très précis oblige les télévisions françaises à consacrer une partie de leur chiffre d’affaires à préacheter ou coproduire des films. En 2004, les chaînes ont donc investi près de 290 M€ dans la production de FIF avec en chef de file Canal + (136,65 M€ pour 124 longs métrages) et les cinq chaînes hertziennes (TF1, France 2, France 3, M6 et Arte) qui ont engagé près de 125 M€. Mais de nombreux autres guichets sont accessibles : aides sélectives du CNC (près de 32 M€, dont la célèbre Avance sur recettes qui a soutenu 63 films), apports des Sofica dont la collecte de fonds 2004 a rapporté 27,5 M€, aides des régions qui progressent rapidement avec 21 M€ disponible chaque production de long métrage en 2004. Par ailleurs, le gouvernement français a créé l’an dernier un système de crédit d’impôt encourageant la localisation en France de la production avec 500 000 euros maximum de déduction pour les longs métrages de fiction et 750 000 euros pour les films d’animation. Enfin, le compte de soutien automatique du CNC a redistribué 56 M€ aux producteurs français en 2004. Mis sous les feux des projecteurs avec l’épineux cas d’Un long dimanche de fiançailles (bénéficiaire puis exclu), ce mécanisme ouvert aux Européens crédite les producteurs au fur et à mesure de l’exploitation de leurs films en salles à hauteur d’environ 0,73 euros par entrée. Et le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres a décidé de l’ouvrir prochainement à certaines conditions (peut-être le tournage en France et/ou en langue française) aux producteurs extra-européens.<br /> <br /> Cet éventail de possibilités de financement qui font de la production cinématographique française un modèle largement envié par de nombreux pays, contribue également à attirer les coproducteurs étrangers. Ces derniers ont en effet investi 229 M€ l’an dernier dans 73 longs métrages coproduits (dont 37 à majorité française), leurs partenaires de l’Hexagone amenant 226 M€. S’appuyant sur l’ensemble des dispositifs financiers accessibles, sur des compétences techniques reconnues internationalement (directeurs de la photo, décors, effets visuels...) et sur une grande variété de paysages propices aux tournages, la France joue un rôle pivot en Europe en matière de coproductions. Parmi ses partenaires privilégiés figurent le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne la Belgique et l’Allemagne, les trois premiers pays bénéficiant en outre d’accords autorisant des coproductions purement financières, sans apport artistique et technique du pays minoritaire. Un dynamisme d’échanges parfaitement illustré par les coproductions majoritaires et minoritaires françaises en compétition officielle à Cannes cette année comme Manderlay de Lars von Trier, L'enfant des frères Dardenne, Caché de Michael Haneke, Battle in Heaven de Carlos Reygadas, Kilometre Zero d’Hiner Saleem ou encore Free Zone d’Amos Gitai. Car l’Etat français a su tisser un réseau d’accords de coproductions couvrant le monde entier, notamment plus de 25 pays européens. Des alliances qui ouvrent aux professionnels de l’industrie cinématographique hexagonale la porte de nombreux marchés potentiels pour diffuser une production en pleine santé.<br />
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